Pêche illégale étrangère en Guyane, conséquences pour les ressources halieutiques

Synthèse des études sur le sujet, menées dans le cadre du programme DEPECHE - DEveloppement durable de la PECHE côtière en Guyane, potentiels écologiques et économiques - cofinancé par le programme FEDER et l'Ifremer en Guyane.

Les données

Pour le contrôle en mer, la Marine possède quatre bâtiments principaux, deux patrouilleurs P400 qui peuvent couvrir toute la ZEE, deux vedettes qui peuvent couvrir jusqu'à 20 miles des côtes. Les Douanes françaises possèdent également une vedette qui peut couvrir toute la ZEE. Des observations aeriennes sont aussi réalisées à l'aide d'aéronefs, Casa (rayon d'action de 1200NM/01h00), hélicoptères, Fennec et Puma (rayon d'action 60NM/01h00) et avion, Falcon 50.

En moyenne, en 2011, la fréquence des sorties est de trois par mois pour les opérations aériennes, et de neuf par mois pour les opérations maritimes. L'ensemble des données collectées lors de ces opérations ont été utilisées pour évaluer la pression de pêche étrangère illégale.

Estimation de la pêche illégale étrangère en Guyane française

En synthèse, quelques indicateurs : en moyenne environ 25 à 30 navires étrangers en situation illégale par jour dans les eaux guyanaises, et 200 navires à l'échelle annuelle. Presque toute la bande côtière est concernée. En considérant une flotte totale exploitant les ressources halieutiques en Guyane, composée des navires étrangers en situation de pêche illégale et les navires français, la part de la flotte illégale étrangère serait d'environ 60%.

 Conséquences pour les ressources halieutiques

Les caractéristiques des navires étrangers en pêche illégale et de leurs engins de pêche, associées à la quantification de la pression de pêche a permis d'évaluer leur capture à environ 6500 tonnes, selon une hypothèse moyenne, soit plus du double de la production de la pêche côtière guyanaise (environ 3000 tonnes en 2010 et 2011). La capture illégale est constituée d'acoupa rouge, acoupa aiguille, requins, ...

L'acoupa rouge (Cynoscion acoupa) est la principale espèce exploitée par la pêche côtière guyanaise (de 30 à 40% des débarquements). Le suivi réalisé par l'Ifremer dans le cadre du SIH (Système d'informations halieutiques), observations aux débarquements et échantillonnages biologiques, a permis de faire un premier diagnostic de l'état de ce stock, intégrant la pêche illégale étrangère. Le stock serait trop exploité ; en effet, pour atteindre le rendement maximum durable, il faudrait réduire l'effort de pêche de 40% (Diagnostic de l'état du stock d'acoupa rouge (Cynoscion acoupa) en Guyane, A. Levrel, rapport Ifremer, Feder-DEPECHE). Ainsi,si la pêche illégale étrangère était supprimée, la pêche guyanaise serait dans les conditions permettant de s'approcher du rendement maximum durable et donc d'accroître sa rentabilité.

Illustrations issues du rapport "Estimation de la pêche illégale étrangère en Guyane française", A. Levrel, Ifremer, rapport Feder-DEPECHE, 2012