PECHE COTIERE

La pêche côtière artisanale répartie sur tout le littoral guyanais cible les poissons dits « blancs » vivant entre 5 et 20 m de profondeur, en mer et dans les estuaires ; machoirans, acoupas, loubines, requins, mulets, mérou, etc.. Ses débarquements annuels sont estimés à 3286 tonnes (58% de la production halieutique en 2012). Composée des canots créoles, canots améliorés, pirogues et tapouilles pratiquant une pêche au filet maillant capturant l’ensemble des espèces commercialisées sur le marché local, elle concernerait actuellement environ 200 marins-pêcheurs. Les captures de la pêche côtière sont vendues fraîches, directement sur les lieux de débarquement, en quasi totalité sur les marchés locaux ou via des circuits informels de distribution, parfois fumées.

Les modèles halieutiques classiques sont peu adaptés à ce type de pêcheries. Les modèles halieutiques sont adaptés pour des pêcheries de type "une flottille ciblant une espèce" : on définit la pression de pêche que peut supporter une espèce. Mais d’autres espèces sont capturées en même temps avec une valeur économique importante, donc commercialisées et non rejetées. Par ailleurs, il est maintenant souvent reconnu en halieutique que les facteurs économiques sont extrêmement importants pour le bon développement des pêcheries dans un contexte de changement des coûts, de mondialisation des marchés et d’échange plus rapide des informations. Les facteurs économiques et humains sont donc largement aussi déterminants que les facteurs biologiques pour le bon développement de ces pêcheries. C’est pourquoi les scientifiques travaillant sur ce secteur dans le monde entier ont récemment prôné une approche plus intégrée tenant compte des facteurs biologiques, économiques et sociaux de l’exploitation. Cette approche nécessite des données satisfaisantes sur l’effort de pêche, la production par espèce, les structures démographiques des captures et sur les données économiques (prix, recettes, coûts, capital investi et emploi), intégrant aussi bien le secteur informel qui apparaît important, que le secteur formel.

La pression démographique en Guyane va générer un accroissement de la demande alimentaire locale et par conséquent des prélèvements et activités halieutiques croissants concernant la pêcherie côtière qui soutient la consommation locale. Des conséquences positives d’un accroissement de l’exploitation halieutique côtière peuvent être attendues (augmentation du nombre d’emplois sur tout le littoral). Cette augmentation de la production halieutique est–elle soutenable ? La ressource ainsi que la biodiversité ne se retrouveront-elles pas à terme en situation de surexploitation sous cette pression anthropique croissante ? Quels modèles d’exploitation existant actuellement sont les plus viables économiquement ?

 Objectifs

Fournir aux professionnels de la pêche côtière et activités associées, aux gestionnaires des collectivités territoriales de l’administration nationale, les informations et éléments de connaissance permettant d’accompagner le développement de cette filière d’activité économique en Guyane et de manière à ce que ce développement soit durable : évaluer l’état des stocks, le potentiel de production, l’état de l’écosystème marin littoral, établir un diagnostic économique d’état de la filière (production et commercialisation), identifier les structures de marché et leur potentiel. Un second objectif est de structurer et renforcer une communauté locale, actuellement faible, et régionale (Guyane-Antilles-Amapa-Para) de scientifiques issus de diverses disciplines pour les questions de gestion des ressources marines et du développement durable des activités d’exploitation. Un troisième objectif, scientifiquement ambitieux, est de contribuer au développement de nouveaux outils (modèles) pour l’halieutique adaptés à la gestion de la pêche dans un contexte tropical. Enfin, un dernier objectif est, à plus long terme, s’appuyant sur cette expérience, de faire de la Guyane un leader régional de la gestion du développement durable de la pêche, utilisant le contexte de la Commission des Pêches de l’Atlantique Centre Ouest, organe de la FAO pour la gestion des stocks halieutiques de la région.